dimanche 19 septembre 2010

NEPAL:
du 25 août au 11 septembre:



Retour à Kathmandu après ces trois semaines de repos quasi-total!


Kathmandu


Mission numéro 1: visa Indien!

La demande de visa indien se fait en deux étapes:

-       -1è étape: on remplit un petit formulaire de demande préalable, appelé “télex”, qui sera faxé à l’ambassade indienne de notre pays, donc en Grande Bretagne pour moi, et en France pour Yo. On revient une semaine plus tard pour connaître la réponse et donc savoir combien de mois nous ont été accordés...

-        -2è étape: on fait sa demande de visa le matin, on obtient le visa le soir, et... la durée du visa prend effet immédiatement, non-pas au passage à la frontière comme c’est le cas habituellement...

Par chance, nous nous sommes renseignés à notre premier passage à Kathmandu, donc nous savons qu’il faudra prévoir une dizaine de jours avant la fin de notre visa népalais.
Donc... deuxième passage à Kathmandu, nous déposons notre demande préalable pour 6 mois de visa... le 20 août...


janai purnima, fête qui célèbre le passage de l'enfance à la vie d'adulte


 gai jatra, la fête des vaches
(c'est drôle, c'est une des rares occasions où la population a le droit de se moquer et de parodier les institutions!)



 les enfants déguisés en vache recoivent des dons, ici du lait...


les saddhu mendient, comme d'hab





et d'autres regardent...


Yohan me surnomme Ganesh, parce-que Ganesh, divinité gourmande mais aussi susceptible, a lancé un jour une de ses défenses sur la lune qui s’était moquée de lui...  parce-que son ventre avait éclaté, parce-qu'il avait trop mangé le jour de son anniversaire!!!

Et puis je commence à ressembler un peu à un éléphant !!! 

Soit... au restaurant White Ganesh, nous rencontrons un français de la génération pessimiste (fort sympathique par ailleurs!) qui involontairement nous poussera à nous mieux positionner par rapport à notre choix de donner la vie...


Ganesh


Combien de fois avons nous entendu cette phrase: "comment peut-on faire naître des enfants dans ce monde terrible?" Et il est vrai que notre planète souffre, que les humains n’en prennent pas bien soin, qu’ils s’entre-tuent... 

Oui bein si on ne regarde que ça, autant en finir tout de suite, non? Ou bien sucer le sang de notre planète jusqu’à la dernière goutte? Vivre dans la perspective de la mort de notre terre et de la vie qu’elle porte, et notre propre mort...

Quelle drôle de façon de concevoir la vie! Notre passage sur la terre!

Bein c’est ça le sens de notre vie? hein???

Pour moi, le sens de ma vie, dès lors que j’ai pris mon envol après quelques années de "no future", c’est l’optimisme... C’est la construction... C'est FAIRE... Œuvrer pour que le monde devienne ce que je souhaite qu’il soit: un monde heureux, harmonieux, sain! Il n’y a qu’en agissant dans cette direction qu’on peut y arriver! Certainement pas en croyant que le monde court à sa perte...

Enfin voilà... nous avons décidé d’être optimistes et de créer...

Le thème de la religion, en relation avec le sens de la vie, est récurrent dans nos lectures : James Redfield dans la prophétie des Andes, Tobias Jones dans Utopian Dreams,  Paulo Coelho dans plusieurs de ses romans (l'Alchimiste, sur le bord de la riviere Piedra...), Leo Tolstoy dans la Mort d'Ivan Ilich... Depuis que la religion a disparu de la vie des gens, la vie humaine a perdu son sens... elle est devenue d’abord quête de confort puis obsession de l’accumulation matérielle, la consommation et la possession comme fin en soi... L’éthique, la morale, la philosophie sont passées au second plan... Nous ne disons pas qu’il faut revenir à la religion, mais peut-être à une certaine spiritualité, ou au minimum à une philosophie de vie... Se poser les questions: quel est le sens de ma vie? Quelle est ma place? Qu’est-ce que je veux contribuer?

La grosse machine capitaliste nous offre gourmandise, frime, et distractions, mais nous rend-elle heureux? Addictions, toujours plus, plaisir-éclair, manque... distraire = détourner de... détourner de quoi? du sens de la vie... (the meaning of life, excellent Monty Pyhton!)
Dans ce monde de l’individu, combien sommes-nous à décider vraiment ce que nous voulons être et faire? A nous positionner en tenant compte du tout, à être responsables de nos actions?

Enfin voilà... Grâce à ce monsieur pessimiste nous nous reposons la question du sens de notre vie, et faisons des projets!!! Mais pour l’heure...




26 août... il est temps de se rendre à l’ambassade indienne pour avoir notre réponse! Nous y allons assez confiants, moi c’est mon premier visa indien, et pour Yohan le dernier date de deux ans (le gouvernement indien ne donne pas suite aux demandes successives de longs visas ,qui permettent aux non-résidents de "résider" en Inde en sortant du pays tous les 6 mois...) Verdict: pour moi c’est ok, et pour Yohan, pas de réponse de l’ambassade à Paris... Humpf... Il faut à nouveau envoyer une demande... Allez... il doit s’agir d’un accident! d’un flop, d’une erreur! Pour sûr une deuxième demande recevra une réponse!
 



Allez... en attendant, nous allons mettre un pied dans la permaculture! en passant quelques jours à Hasera, la ferme éducative de Govinda Sharma... Chouette! Nous allons apprendre des choses qui sont directement liées à notre projet post-voyage! Nous sommes donc très enthousiastes!


 Yohan récolte le thé



 le thé


fabrication du paneer (fromage)




Lorsque nous arrivons commence un stage de quatre jours sur l’agriculture biologique en théorie et en pratique. Nous pouvons nous rendre compte de la place du bio au Népal, ce qui est assez intéressant, puisqu’ici, le chimique, c’est relativement nouveau (car moins adapté aux montagnes et nécessitant investissement), ce qui fait que 18% des agriculteurs sont "bio" non-certifiés, agriculture traditionnelle, ce qui est beaucoup... Ici le gouvernement promeut l’agriculture biologique à cause des perspectives qu’elle offre pour l’exportation, il y a même toute une région qui a été déclarée bio!!! (heu évidemment les contrôles ici ne sont pas tout à fait aussi rigoureux que chez nous donc il y a des tricheries...)

Intéressant aussi, le Népal n’est pas soumis aux pressions de Monsanto qui impose ses semences hybrides (stériles) et OGM plutôt dans les régions à agriculture intensive et les plaines comme en Inde... Un réel forcing... Les népalais ont encore une chance de sauver leurs semences paysannes...

stage au jardin


notre formateur, Govinda!


 des élèves (népalais et occidentaux!) très concentrés!



La permaculture, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est une vision totale de l’agriculture, la seule qui peut prétendre contribuer à un maintien des ressources planétaires et même à leur réhabilitation... La permaculture tient compte de tout. C’est un système qui observe les composantes de l’écosystème, les met à contribution, et prend soin de l’équilibre entre toutes (contrôle des populations ravageurs par exemple, dont un excès est vu comme le symptôme d'un déséquilibre), qui prend soin de l’humus (en déclin dans l’agriculture chimique, ce qui est très grave!!!), des ressources en eau, de la biodiversité... micro-organismes, terre, eau, végétaux, bois, animaux, humains etc... enfin... Une vision de l’agriculture carrément passionnante...





chenille à tête de Polux!!!


Ce séjour de dix jours vient ranimer nos rêves (déjà bien vivants !) et nous sommes avides de connaissances et de réflexions !





Ca donne envie de rentrer et de trouver ce morceau de terre... Mais chaque chose en son temps... Pour le moment nous sommes ici, nous avons un bébé à mettre au monde et encore pas mal de route !


scarabée mangeur de pollen sur brin de riz 
(il empêche la pollinisation)


 exercice pratique sur les semences et les insectes ("ravageurs" et auxiliaires)




Ce séjour à la ferme nous aura carrément fait du bien, être intégrés dans une famille népalaise qui prend bien soin de nous, et rencontrer d’autres voyageurs aux intérêts percutant les nôtres, des gens comme nous mais différents, avec leurs projets singuliers et complémentaires, chacun dédié à poser sa pierre sur l’édifice d’un monde meilleur ... Ha !


James from Canada, le chimiste!


Corri, qui bat le ghee (stade avant le beurre)


Jens, paré pour son départ



 le délicieux dal bhat maison!


 Canna sur fond de brume


 dans les environs...


stupa



Mais voilà… le temps passe, on est déjà le 7 septembre, il faut s’occuper de ce visa indien…

Troisième passage à Kathmandu! Mission visa… Nous essayons d’y aller confiants, nous sommes pleins d’espoir… Nous avons BESOIN de six mois!!!  Sans quoi Yohan sera obligé de sortir du pays pour deux mois (nouvelle loi indienne!!!) juste au moment de la naissance de notre petit!!! Y’a pas moyen… Please l’univers et les étoiles! Aidez-nous!!!


voila le profil!
ok je vous le refais avec le sourire...





Hé bein non… toujours pas de réponse de Paris. L’employé, (pour le moins impassible et expéditif, sans compter son accent inintelligible derrière sa vitre…)  nous dit que dans ce cas-là ce sera 3 mois!!! NOOOOOON!!! Yohan dit y a pas moyen, je suis pas d’accord, le gars dit qu’on peut faire encore une demande et revenir dans 3 jours… Mais on voit bien à son air qu’il sait qu’il n’y aura pas de suite à ce télex… Humpf…

On sort de là contrariés, il nous reste trois jours de visa népalais, pas beaucoup de marge de manœuvre… Une solution possible: passer par un agent…Nous nous renseignons, le résultat est garanti moyennant bakchich + commission, ce que nous sommes en désespoir de cause disposés à payer malgré des réticences d'ordre moral (!), le problème c'est que le visa mettra une semaine à nous être délivré, ce qui ne nous va pas du tout. Du coup nous serions obligés de faire une extension de nos visas népalais, ce qui coûte très cher, prend de la place dans le passeport (aille!) et est encore une démarche administrative pénible…






Alors nous décidons de tenter  notre chance, en appelant carrément Paris pour savoir pourquoi ils ne répondent pas... Quelques coups de fil, un répondeur interactif, des coupures de télécommunication, puis une femme à l’accent indien pas possible, mais sympathique, qui nous annonce que Paris a des difficultés à transmettre ses fax à Kathmandu et nous promet d’essayer à nouveau aujourd’hui même, et d’envoyer un e-mail en cas d’échec...
Ouais... on sait comment ça se passe dans l’administration... alors on reste septiques...

On se résout à devoir allonger notre séjour dans cette capitale certes mystique mais carrément pas de tout repos, tant-pis...


pâturage citadin, pas la même vie, hein?



Dans un élan de “qui ne tente rien n’a rien”, Yohan retourne le lendemain à l’ambassade... Toujours pareil... pas de réponse... toujours le même employé expéditif... Alors il va voir une employée à un autre guichet, et il explique qu’il a appelé Paris bla bla bla etc... Il insiste, en gardant le sourire. Elle dit “attendez je vais voir”, elle disparait dans une autre pièce et réapparait... avec le fax!!! OK pour 6 mois!!! Wah!!! 




Comme quoi être procédurier (ce qui ne vient vraiment pas automatiquement à l’esprit de ce côté du globe, dans ces pays de bakchich et de n’importe-quoi administratif!!!) ça peut porter ses fruits...

Le lendemain donc, nous prenons la route pour l’Inde... la terre promise!!! Yiiiii Hiiiiii!!!





8 commentaires:

  1. Quelle histoire ce visa ! Mais ouf ... Ici, nous aussi on se bagarre avec l'administration en ce moment et on a beau parler la même langue on se comprends pas toujours .... humpf aussi !
    Joli bidon madame !!!
    Ah les questions existentielles du don de la vie dans un monde pourri ... ca fait partie des grands moments de doutes d'avant / pendant et (ça va pas vous rassurer !) d'après aussi ... Mais quand je vois mes petits citoyens écolos, révoltés, généreux et tout et tout ... Je me dis que si jamais on échoue, nous, ils seraient bien foutus de réussir ... et pour ça il leur faut des copains, plein de copains !!!!
    Quand au projet j'vais jeter un oeil, tiens ... ;))

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  2. Salut frangine!
    Bienvenue au club des femmes d'hommes qui ont des problèmes de visa! Prochaine fois, va voir l'ambassadeur de France ou d'UK en personne et demande un coup de pouce, dans notre cas ça a réglé le problème en 20 minutes chrono. Avec ton ventre en plus, aucun problème... Après tout, ils sont là pour ça aussi...
    Moi aussi je croise de temps en temps de ces français pessimistes... Et depuis que je vis dans mon coin de paradis, je ne pense plus comme ces gens là. Faut dire qu'on est 50 ans en arrière ici, hein. Pourvu que ça dure! Et si vous êtes déprimés quand vous rentrez en France, tu peux toujours venir t'installer ici. Y'a pas mal de fermes et agriculteurs "naturellement bios" ici aussi! Et plein plein de terre arable.
    Encore merci pour le savon, je pense à toi tous les jours au réveil!
    Bisous à vous deux, Carinette

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  3. T'as raison d'etre optimiste.
    I have every faith in you both.
    Bisous.
    Your mother!

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  4. Yohan a du dire ouf pour son passeport .
    Blog toujours aussi intérressant et belles photos .
    bisous la malie

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  5. WaaaW le beau bidon tout rond! Little traveler est donc avec ses parents en route vers l'Inde!
    J'vous envoie plein de good vibes, et que Shiva, Bouddha et tous leurs potes vous bénissent ;)
    Elo

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  6. Merci pour les photos, surtout celles du bidon:))) Tu es magnifique !
    Bonne chance pour la suite,et à trés vite sur le blog!!

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  7. Salut a vous !

    Alors, a quand la mise a jour de votre periple ??? On est curieux de savoir comment se passe votre installation dans la campagne indienne...
    Au plaisir de vous lire !
    Bises
    Severine et Pierre (avec qui vous avez partage des bons soja burger a Bodgaya!)

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  8. Bine joué pour le passeport!
    Depuis le retour au pays, je n'avais fait que survoler votre blog, la j'ai récupéré tout mon retard : j'adore. Vivement la suite, la photo sans/avec sourire est excellente, les autres sont superbes aussi. Bref, ca fait du bien de lire votre blog en fait !
    WAllez a plus et bises, comme on dit par ici.
    Julien

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