samedi 25 décembre 2010

Pour la suite des aventures des crevards, rendez-vous sur:
yamkaetlescrevards

lundi 6 décembre 2010

INDE DU SUD: le 3 décembre 2010

Ca y est! Notre petite Yamka est née!!!!





Nous l'avons mise au monde tous les deux, à la maison! Elle se porte très bien et nous sommes très heureux! (le mot est faible!!!). Nous vous raconterons tout celà plus en détails dans une ou deux semaines, avec des photos, promis! Pour l'heure: repos, cocon...
Merci pour votre présence (mentale) que nous avons bien ressenti d'ici...

samedi 20 novembre 2010

INDE DU SUD:
Tamil Nadu: du 8 octobre au 8 novembre



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dfg


rite de dessin quotidien devant la porte d'entrée...


Lalita et Prem nous déposent à la gare, notre train arrivera avec 4 heures de retard, this is India! Le système de réservation est étrange, tout est pris à l'avance, nous n'avons pas pu obtenir deux places dans le même wagon... sauf qu'en montant dans le train, nous le trouvons vide!!! Bizarre...


à la gare...


Une nuit en couchette pendant que le train rattrape son retard, nous arrivons à Chennai (Madras) le matin et sautons dans un bus pour Pondicherry...








A Pondy, Yohan me dépose chez un glacier où je me régale pendant qu'il part prospecter pour une chambre... Puis nous nous installons... notre mission: trouver une maison à louer. Où ça? Soit à Pondy, soit à Auroville (distante de 12 km) soit entre les deux... Yohan prend un vélo et va en repérage...


il a pas une tête de papa, lui?




Clairement, l'atmosphère d'Auroville nous correspondrait mieux, Pondy c'est une ville donc c'est bruyant et pollué, même si pour une ville indienne elle n'est pas désagréable, elle est en bord de mer, un vent agréable y souffle, ce n'est pas si grand, et le quartier français est plutôt joli... (c'est un ancien comptoir francais, pas mal de locaux y parlent notre langue!!!)








Mais Auroville c'est vert, c'est plus sauvage... Alors il s'enfonce dans les chemins d'Auroville à la recherche d'une location... ce qui s'avère difficile... voire impossible... Des longs chemins de terre mènent à des portails fermés, les grandes maisons particulières sont terrées dans la forêt... Quand il a la chance de trouver quelqu'un il demande, mais l'accueil est pour le moins froid... Il ne se sent pas le bienvenu... Un allemand, sympathique, lui, nous apprend que c'est complètement bouché, qu'il n'y a pas de logements disponibles, (à part les guesthouses) et nous recommande de chercher plutôt au village.


le trident de Shiva


liane corail


coccinelle géante


Les guesthouses, c'est pour nous très cher, et elles ne nous offrent pas l'indépendance que nous recherchons... Le village, à l'orée d'Auroville, c'est là où vivent les indiens... Il y a toutes les commodités (boulangerie, magasin bio, health center, eau potable dynamisée, taxi, location de mob , etc... etc...) Yohan nous y déniche une grande maison toute neuve (salon, deux chambres, cuisine, salle de bains, terrasse...) et super propre (mais vide!) dans un quartier calme, à mi-chemin entre Auroville et l'océan! Les voisins sont gentils et souriants, le propriétaire sympathique et sérieux, nous négocions qu'il meuble le minimum: deux lits, une table, deux chaises, un bureau, le gaz pour cuisiner, et un frigo! Nous payons un prix pour nous très correct: 8000 roupies par mois (130 euros)




C'est bien loin de notre idéal, cette maison, le cadre n'est pas naturel ou sauvage, mais c'est probablement le meilleur compromis qu'on puisse trouver, et pour y passer ces quatre prochains mois c'est très bien!


le salon...




Les deux premières semaines sont calmes, on s'installe... Puis, de temps en temps: "PANG!" "PANG!" des pétards pètent, et ça va en s'intensifiant de jour en jour jusqu'à ce que nous nous posions la question: "mais c'est peut-être un festival?" Et oui! C'est Diwali, la fête des lumières, qui se fête sur une semaine à coups de pétards... Le 5 novembre les adultes se joignent aux enfants pour allumer des pétards géants super-sonores... On est rassurés qu'il s'agisse d'une fête, après quoi notre quartier devrait revenir au calme!


nos petits voisins d'en face!


assortiment de pétards....


le plus détonant!!!


rituel de pastèque écrasée devant la porte... (?)


Seulement voilà apparemment les enfants y ont pris goût et ça continue, tous les jours!!! Je commence à stresser, ils jouent dans le tas de briques devant chez nous, ça résonne entre les murs, et je fais des bonds énormes! Et je pense à quand le bébé sera là!

Alors une idée me vient: si on leur offrait un ballon de foot? A quoi Yohan me répond: "ici c'est pas le foot c'est le criquet!" OK! Alors on leur fait cadeau d'une magnifique batte et de deux balles, à condition qu'ils arrêtent les pétards... Ils sont contents, et nous aussi!!!


la maison des voisins AVANT,


la maison des voisins APRES!


une autre maison dans notre rue
(c'est autre chose que la notre, non?)


notre loueur de vélo


notre épicier






Tous les jours nous marchons, profitons de la nature...






Auroville a bien des avantages, c'est sûr... Auroville c'est une communauté spirituelle et utopique qui prétend devenir "le lieu d'une vie communautaire universelle, où hommes et femmes apprendraient à vivre en paix, dans une parfaite harmonie, au-delà de toutes croyances, opinions politiques et nationalités." Elle prône l'égalité entre les hommes sans distinction de classe sociale et vise à bannir la notion d'argent (en quoi à nos yeux elle échoue totalement...). Elle a aussi, à première vue, des côtés moins sympathiques... Elle semble repliée sur elle-même, assez fermée. Bien des choses sont réservées aux Aurovilliens (la bibliothèque, certains magasins, activités...) C'est surtout le manque de contact avec l'extérieur qui nous deçoit, mais  il est probable que de l'intérieur, nous y verrions beaucoup de choses positives...




Et puis il y a l'accueil à l'occidentale, c'est à dire que le sourire fait souvent défaut... Et puis les disparités entre les occidentaux et les indiens nous sautent aux yeux: les blancs ont de grandes maisons entretenues par des domestiques (indiens, ça va sans dire), les sommes qu'ils dépensent ou investissent sont astronomiques par rapport aux moyens des locaux, qui en parlent entre eux sidérés, voire choqués quand ces fortunes sont tout bonnement gaspillées, abandonnées... Ils jugent ces occidentaux, les considèrent comme mauvais ou fainéants... Disent que c'est du business. Bien sûr, il y a de la jalousie...

Nous, en tant qu'outsiders, nous n'avons pas accès au côté communautaire, aux idéaux, à l'amour universel etc... Pour tout ça c'est un autre budget, il faut participer à la communauté, financièrement ou physiquement. Nous pouvons le comprendre, mais le côté obligatoire nous gêne... Et puis la séparation (ségrégation!) entre les Aurovilliens et les non-aurovilliens, le manque d'échange possible entre ces deux groupes distincts.


suivez bien la flèche... si vous n'êtes pas Aurovillien...


Celà dit, nous ne désespérons pas de rencontrer des personnes qui changeront nos impressions! Et puis des personnes détendues et souriantes, nous en rencontrons peu à peu de plus en plus! Dès le début nous avons rencontré Damien, un adorable jeune homme en recherche de vie communautaire et d'harmonie, puis plus récemment Elvire, qui est là pour écrire un scénario et faire une pause dans une vie mouvementée et se retrouver un peu... Deux personnes que nous apprécions beaucoup!

calotropis gigantea


ficus benghalensis (banyan)


Alors nous voilà dans notre grande maison, et se poser après 28 mois de voyage, ça me fait du bien (Yohan, lui, a légèrement la bougeotte!) et puis on en profite pour cuisiner, lire, s'instruire, et puis surtout se préparer à accueillir le tout petit!








La grossesse se passe merveilleusement bien, je suis en pleine forme et toujours active, et nous sommes très heureux!




Un petit peu impatients de voir et toucher notre petit bébé tout de même... mais ça, ce sera le thème de notre prochain post! A bientôt!






mardi 9 novembre 2010

INDE CENTRALE:
Chandrapur du 26 septembre au 7 octobre:


Nous arrivons donc, après 48H de voyage, à Chandrapur, heureux, le coeur palpitant d'attente et d'enthousiasme! Ca y est on va enfin se poser, à 7 mois de grossesse, il est temps!


 voyez vous-mêmes!

Arrivés à la gare nous nous attendons à voir Lalita et Prem sur le quai pour nous accueillir. Un peu intimidés à l'idée de ne pas les reconnaître, nous regardons partout, personne… Ils nous attendent peut-être à l'entrée principale? Non… personne ici non-plus… alors on attend un peu…

Lalita et Prem, ce sont nos hôtes de WWOOF, enfin en quelque sorte... Ca fait deux mois que nous sommes en contact. Nous avons choisi de passer par le wwoof pour nous trouver un petit coin naturel, et surtout pour être entourés de personnes ouvertes d'esprit pour nous accueillir avec notre projet un peu spécial: mettre notre bébé au monde "à la maison"... Leur annonce nous a plu parce qu'ils se décrivent comme "freethinking" (libres d'esprit) et la quantité de travail à fournir est un choix personnel...

Quand nous leur avons présenté notre projet de naissance, ils se sont montrés très enthousiastes, heureux de nous soutenir! De plus ils proposent la clayhouse rien que pour nous: une petit maison indépendante en terre crue, avec un four en terre... wah! En plus c'est une ferme laitière avec des vaches... et des bufflonnes!!! Excellent!








Toujours à la gare, toujours personne... alors on finit par téléphoner...
"On ne vous attendait que demain!"
Ah... nous serions-nous trompés dans les dates? (après vérification, non... nous leur avions bien annoncé le 26... pas grave... tout le monde peut se tromper...)


 Lalita


 
 Prem


Ils arrivent donc avec leur petite voiture! Accueil super-souriant, nous sommes heureux!!! Ah... enfin!!!

Nous arrivons à la ferme, c'est loin de tout, c'est calme! Wah c'est magnifique! Le cadre rêvé pour mettre notre petit au monde!!!




Nous, ce qu'on veut, c'est mettre notre bébé au monde nous-mêmes, en ayant une sage-femme sous la main... Pour celà, le cadre est très important: avoir notre espace douillet où nous nous sentons bien, chez nous... Ici c'est parfait, en plus il y a plusieurs sages-femmes dans les environs, et un hôpital à 30 minutes de voiture!

Lalita et Prem nous font attendre dans leur maison: douche, collation, et puis nous apprenons qu'il y a un autre wwoofer et qu'il vit dans la clayhouse!!! Hein? On nous propose un bâtiment à l'abandon, glauque sombre et sale, avec WC turc à l'extérieur, en attendant... Pour moi y'a pas moyen! Nous partagerons donc l'espace avec lui cette nuit... Je suis un peu déçue, je trépignais tellement d'impatience à l'idée de m'installer et d'être chez moi pour quelques mois! Besoin instinctif de faire mon nid... Humpf... le lendemain nous lui demandons s'il veut bien s'installer dans l'autre bâtiment, ce qu'il accepte bien que ce dernier soit loin (loin loin) d'être aussi agréable que la clayhouse, où il était bien... Je suis un peu désolée et frustrée, mais ce qu'on nous avait proposé c'était la clayhouse pour quatre mois, pas ce carré sombre de béton delabré...




Ah oui... l'arrangement que nous avons avec Prem, c'est que nous payons 500 roupies par jour (8 euros) afin d'être bien nourris, bio et tout, et que le travail n'est pas obligatoire... Donc nous prenons ça plutôt pour une chambre d'hôte... et ça nous va bien!!!


boeufs de trait


Seulement dès les premiers jours, alors que nous commençons à peine à nous installer, des suggestions viennent semer le doute dans nos esprits... "tu peux quand-même travailler un peu, moi quand j'étais enceinte je désherbais, c'est bon pour toi!" ou à Yohan: "ça te dérange pas de travailler au champ?" "heu bein si! Je ne veux pas faire du travail d'ouvrier! Nous préférons trouver des petits projets qui nous intéressent, à mettre en place nous-mêmes, travailler à notre rythme et quand ça nous plaît!" répond Yohan. Nous pensons déjà faire un potager autour de la clayhouse (pour tout le monde!), faire un four à pain (en définitive il n'y en a pas), entretenir et retaper un peu la clayhouse, et quelques autres idées, mais en premier lieu Yohan s'attelle au nettoyage de la réserve d'eau (douce) qui nous servira de piscine!

Il vaut mieux que les choses soient claires dès le départ, non?


une des nombreuses bestioles qui partagent l'espace avec nous...


Dans nos échanges pas mail, Prem, qui est éditeur (retraité) de documentaires, nous avait proposé de faire un un petit film sur la naissance naturelle... Nous avions répondu "peut-être!" nous avons besoin d'y réfléchir. En effet, c'est important pour moi que ce moment soit vécu dans l'intimité avec Yohan, j'ai peur de l'intrusion de la caméra... Aussi, une femme accouche dans de meilleures conditions si elle est détendue, si elle subit le moins possible de stimulations extérieures et de stress... Alors je ne me vois pas accoucher avec un cameraman dans la pièce! D'un autre côté, parler de naissance naturelle et montrer mon expérience est une idée qui me plaît, pour ouvrir un peu le spectre des possibilités qui existent, même si elles sont rarement proposées aux femmes...

L'accouchement aujourd'hui est médicalisé, souvent provoqué (injection d'ocytocyne), puis précipité (6H au lieu de 48H pour le premier enfant pour ne pas encombrer les hôpitaux et les médecins, d'où l' épisiotomie car le périnée n'a pas le temps de s'assouplir), contrôlé (pas de liberté de mouvement, pourtant une condition essentielle pour réduire la douleur et faciliter l'expulsion! La position sur le dos est bien la pire...) et surtout dénué de considérations pour le bien être émotionnel du nouveau-né (qui passe sans transition d'un monde tout doux à un monde agressif, froid, lumineux... qui est arraché à sa mère, examiné sous toutes ses coutures alors qu'il aurait besoin de rester à son contact et d'être rassuré et réconforté après l'expérience violente de la sortie de son cocon feutré, et la fin de la fusion avec le corps de sa mère...) Et puis le cordon, qui est coupé de suite, force le bébé à une respiration-panique, car on lui coupe brutalement son approvisionnement en oxygène... (pour plus d'informations et des temoignages excellents: accoucher autrement)




Enfin voilà... un petit documentaire? Pourquoi pas! A condition que notre intimité soit respectée... à voir...
Les premières journées à la clayhouse, nous nous installons... Rangeons, nettoyons, arrangeons... La petite maison est superbe avec ses murs et son sol d'argile couleur terre de sienne, l'atmosphère y est douce.


 côté chambre


Nous partageons les premiers repas avec Lalita et Prem, et Patrick, le wwoofer canadien. Lalita nous demande: pour vous ce sera chili or not chili? NO CHILI!!! Le chili c'est sympa au début, c'est exotique, c'est typique, et ça fait partie du voyage! Mais après deux ans, pour nous, c'est devenu trop monotone: on n'apprécie vraiment plus tous ces plats où les arômes sont noyés, que dis-je... exterminés par le chili, qui par dessus le marché nous brûle la bouche et provoque des suées excessives (il fait déjà assez chaud comme ça!!!) Derrière le chili, c'est tout juste si nous parvenons à distinguer une tomate d'une pomme de terre, et quand à faire la différence entre un chili rouge, un chili vert, un chili rond, zéro! Rien du tout! On sait juste que ça brûle BEAUCOUP ou VRAIMENT BEAUCOUP!!! Ou que ca ARRACHE CARRÉMENT!!! Faut dire que nous avons grandi au pays de la grande cuisine, des saveurs fines et subtiles, des produits de qualité du terroir (dont Lalita, se remémorant un voyage en Europe nous dira "NO TASTE" "all taste the same" hi hi hi...)




Donc voilà que Lalita doit faire deux repas distincts en même temps... Et elle ne semble pas enthousiaste à cette idée! Alors nous lui proposons de faire nos propres repas, ce qui serait de plus un grand plaisir pour moi qui ai si peu cuisiné ces deux dernières années!



oui d'accord... pas encore la grande cuisine...


Ils nous installent donc la cuisinière à biogaz! Excellent! Une gazinière branchée sur une cuve où fermente le fumier des bovins mélangé à de l'eau!


 côté cuisine

Wah de l'autonomie! C'est ce dont nous avons besoin! En plus, comme on ne travaille pas ça nous faisait bizarre d'aller trois fois par jour se faire servir à manger... Patrick, lui, qui paye aussi pour l'hébergement et la nourriture, travaille quatre heures dans la journée à creuser des tranchées au pic du soleil!!! Oui oui!




Normalement le wwoof c'est un échange: du travail contre l'hébergement et la nourriture... Mais dans les pays "moins développés", où l'on est habitué à recevoir de l'aide humanitaire et des bénévoles qui payent en plus de mettre la main à la pâte, le wwoof n'est pas un échange... c'est du volontariat payant... Et pour nous c'est gênant... Encore si c'était du travail intéressant, pédagogique! Encore que... Lalita argue que ça lui coûte de l'argent de nourrir les wwoofers, mais nous savons bien, nous, qu'avec la même somme nous pouvons avoir une chambre d'hôtel et trois repas au resto... Et puis nous ne sommes plus convaincus que la charité est vraiment rendre service... Mais c'est un vaste débat...

Premier matin où nous pouvons préparer notre propre petit déjeuner: TOC TOC TOC (humpf je me faisais une joie de rester seule ce matin!) une servante nous amène du riz frit et des légumes frits sur un plateau!!! MAIS NON! J'étais entrain de préparer des chapati! Et puis je ne veux pas être servie à domicile non plus!!! NON NON et NON! Un peu plus tard je vais voir Lalita et lui explique que j'aime bien avoir mon propre espace le matin et que je préfère préparer mon propre petit dèj, que nous viendrons prendre le repas de midi ensemble chaque jour si ça lui fait plaisir (nous sentons qu'ils ont envie de compagnie). OK.

Le lendemain matin à 6H30 "TOC TOC TOC" c'est Lalita "je t'apporte des ustensiles!". Humpf grrr... le message n'est pas passé... Bon d'accord ça part d'une bonne intention et puis je suis casse-pieds, depuis que j'"ai" une maison j'ai envie de retrouver mes petites habitudes, à savoir: ne pas être bousculée le matin, pouvoir émerger doucement et déguster mon rituel petit déjeuner sacré dans un état de demi-sommeil méditatif, dont je n'aime pas qu'on m'extirpe...




Oui d'accord pendant deux ans je n'ai pas eu droit à mon moment à moi et j'ai survécu! Mais là ça m'obsède, je veux mon heure ou deux de tranquillité silencieuse... Bon il faut que je fasse passer le message... sans m'énerver... dur dur... plus tard alors... Et puis ensuite c'est Prem qui débarque: "alors! qu'est-ce qui se passe d'intéressant ici? du yoga? de la cuisine? quelque chose que je peux filmer?" Heu ouh la la pas tout de suite j'ai envie de passer un moment seule..." Prem a l'air contrarié...

Prem est impatient de commencer son documentaire... Il nous a expliqué qu'il faudrait apprendre à "jouer", qu'il fallait "dramatiser" le film... Hein??? Jouer la comédie? Ouh la la... je voyais pas ça comme ça, moi! Et puis ca me bloque rien que d'y penser!!! Je suis timide, moi! Prem secoue la tête de deception... Il décide de nous montrer les films qu'il a déjà faits... et là on comprend! On est très loin de l'authenticité, de la simplicité, du naturel qui pour nous vont de pair avec l'idée d'un message sur la naissance naturelle... Ses documentaires sont une suite de plans-séquence, noyés sous des musiques actuelles à tendance émotion, c'est-à-dire qu'on cherche à arracher des larmes au spectateur grâce à la bande-son, sans grand accent mis sur le contenu... Or pour nous c'est le contenu qui est important, la réalité crue! On veut s'exprimer, on veut du VRAI! (c'est peut-être une différence de style entre les cultures cinéma française et anglo-saxonne?)

Toujours est-il que là c'est très clair! On n'a plus du tout envie de faire ce document!!! D'ailleurs on n'avait pas dit oui! On ne veut pas jouer la comédie,  on ne veut pas que la naissance de notre petit bébé soit utilisée pour des mièvreries qui risqueraient être diffusées sur les télévisions franco-anglaises!!! (Prem dit être sollicité par la BBC et avec l'état français qui souhaite voir filmés (surveillés?) ses ressortissants à l'étranger... Ouh la la!!! Ca non-plus ça ne nous plaît pas trop! On pensait à un documentaire indépendant diffusé dans les circuits alternatifs!!! Humpf aille aille... de toute façon on n'y croit pas trop...)

Bon là on commence à se poser des questions... Entre les domestiques qui rentrent et sortent de "chez nous" comme dans un moulin, qu'on soit là ou non et sans frapper, et le spectre due ce documentaire qui ne nous correspond pas du tout... Humpf... Nous réalisons qu'ici nous n'aurons pas l'intimité dont nous avons besoin, le concept est bien différent ici de chez nous... Ici il y a 352 habitants au km2 (en Europe c'est 71) alors la proximité est inévitable... Bon... nous respectons leur façon de vivre, c'est à nous de nous adapter... Seulement moi, enceinte, j'ai quelques besoins, et cela me semble normal...


vieil homme, lors d'une sortie en ville...


Et puis il y a les repas, qui ne nous conviennent pas vraiment... toujours des chapatis avec une sauce, c'est peu varié... Et puis contrairement à ce qui nous avait ete annoncé, ce n'est pas bio (ni produit sur place)... En revanche les produits de la ferme: le lait cru et le curd (lait caillé) et la crème fraîche sont DELICIEUX!!!

D'un autre côté, comme nous ne travaillons pas, et comme nous ne sommes pas chauds pour le documentaire (qui est la raison de vivre de Prem) nous ne leur apportons pas grand chose (en dehors de l'argent, qui n'est pas négligeable...) et la situation n'est pas si claire...




Je suis presque à 7 mois 1/2 de grossesse, bientôt ce sera contre-indiqué de faire de longs voyages, alors nous devons nous décider vite... J'annonce à Lalita et Prem que nous partons, que nous avons besoin d'indépendance, que nous préférons trouver une maison à louer... Leur réaction est souple, et me semble bienveillante...

Il n'y a pas de train avant quatre jours, peu à peu quelques petits signes dans l'attitude de Prem montrent une légère tension, nous pensons que sa fierté a été heurtée... Il est plus froid, aussi...

Puis lors d'une soirée où l'ambiance est au débat, nous entrevoyons les germes de futures discordes possibles: Patrick évoque l'Iran, qu'il a adoré, Prem répond "qu'est-ce que tu veux aller faire en Iran? C'est musulman..." Et alors? "les musulmans sont des terroristes" Oups... Ca met un coup à l'ouverture d'esprit! Le débat qu'il mène dérive ensuite sans aucune cohérence et passe par divers thèmes où nous apprenons que le yoga est une mode et n'est pas naturel ("les animaux ne font pas de yoga!"), et que ne pas jouer aux échecs c'est un signe qu'on ne veut pas faire travailler notre cerveau... Nous finissons le bec cloué... Nous lui pardonnons, vu son âge, mais nous sommes confortés dans notre décision de partir...

Je suis néanmoins reconnaissante à Lalita dont le soutien, pour la naissance, était total...

Bon on va où? au nord? (on adorerait faire notre bébé dans l'himalaya mais c'est l'hiver alors il fait très froid, et les accès sont difficiles...) au sud? (oh non encore les tropiques!!!) à Goa? (il y a tous les services pour les occidentaux, qui y sont nombreux, et les infrastructures... nous savons qu'il y a une bonne sage-femme, mais c'est ambiance plage et fête, un peu hype... bof...) On se décide pour Auroville, pour le côté alternatif, et le soutien que nous pourrons y trouver!






Allez! 20H de train pour Pondicherry! C'est parti!!!


 bye bye!